La victime d’un manipulateur se voit infliger une double peine : elle est détruite par son bourreau et souvent incomprise de son entourage.
La destruction de la victime
Tout d’abord, il y a la dévalorisation permanente, le manque de respect de sa personne, de ses envies, de ses besoins, les mensonges incessants, la culpabilisation, la communication floue qui sèment le doute dans l’esprit de la victime. La violence psychologique laisse beaucoup de traces.
« Suis-je folle ? » « Est-ce moi qui ait un problème ? » se répète la victime après chaque crise.
Le manipulateur entretient cette culpabilité en projetant sur la victime ses propres comportements : « Tu ne me manipuleras pas, tu ne m’enfermeras pas dans tes délires ! »
Ce phénomène destructeur se passe souvent dans le huis-clos familial, à l’abri des regards extérieurs. Et le manipulateur peut même justifier son attitude auprès des enfants : « Elle est malade ! ». Il utilise les symptômes développés par la victime suite à tout ce qui lui a fait endurer pour la dévaloriser, l’humilier, la présenter comme « celle qui a un problème ». « Elle s’enferme dans sa solitude ! ». En réalité, la victime se protège, s’isole pour ne pas être la cible du manipulateur.
L’aveuglement de l’entourage
Mais il ne faut pas négliger la souffrance qu’éprouve la victime face au monde extérieur.
Le manipulateur étant bien souvent un comédien hors-pair, il se montre aux autres sous son meilleur jour. Le mari parfait, le gendre idéal, le professionnel accompli à qui tout réussit… Tout le monde l’idéalise, est comme hypnotisé par ce personnage si charismatique. L’entourage aime à passer du temps avec lui, lui demander des conseils, même pour des choses pour lesquelles il ne connaît rien, car on prête au manipulateur toutes les qualités et toutes les capacités tant il « en jette » !
La victime est consciente de l’aura du manipulateur et n’ose pas s’exprimer. « Ils ne me croiront jamais ! ». Alors parfois, elle essaie de lancer quelques perches « Vous savez, la réalité n’est pas toujours aussi rose qu’elle ne parait. » Mais personne ne relève et la victime se dit alors qu’elle va passer pour la méchante qui essaie de critiquer le « mari idéal ».
La spirale infernale de l’emprise
Alors la victime doute, se demande si elle est responsable de la situation, se recroqueville, elle « survit » en espérant que la situation va changer, en pensant que si elle exprime calmement ses besoins, ce qu’elle ressent à son bourreau, il va faire preuve d’humanité et d’empathie, il va changer ses comportements. Peine perdue !
La victime cache même les actes du manipulateur de peur que les autres le fuient ! Elle devient alors son sauveur ! « Si je dis à cette personne comment il parle d’elle alors qu’elle l’idéalise, soit elle ne me croira pas, soit elle ne voudra plus le voir ! » « Si je me confie sur ce qu’il a fait, les autres vont le détester ! ». Et tant que la victime reste dans cette relation aliénante, elle protège son bourreau.
La victime se sent seule, isolée. Il lui est même reproché de ne pas parler d’elle, d’être secrète alors qu’elle aimerait tant se confier, livrer au monde entier ce qu’elle vit, ce qu’elle endure !
La spirale infernale dans laquelle est plongée la victime d’un manipulateur est épuisante, vide la victime de toute son énergie, l’empêche de vivre pleinement !
Il faut un « déclic », un événement dans la vie, pour pouvoir sortir de cette emprise car si le monde extérieur est souvent à mille lieux de deviner ce que peut vivre la victime, il faut aussi parfois à la victime elle-même des mois, voire des années pour prendre conscience de ce qu’elle a vécu…
Ce texte est écrit en prenant l’exemple d’une victime femme d’un manipulateur homme, mais bien entendu, il existe aussi des manipulatrices.